Namedrops #31
« Créer des noms de personnages 😅 rend fou », dixit Chabatix
Après avoir marqué une génération avec Mission Cléopâtre, Alain Chabat fait son retour dans le village gaulois, en passant cette fois-ci par Netflix. Entre soulevée de menhirs et batailles contre César et les "romains aux gros nez", le cinéaste, qui prête sa voix à Asterix, fait face à un nouveau défi de taille : celui de trouver des noms de personnages surprenants pour arracher un sourire aux téléspectateurs, mais conservant aussi l'esprit de la bande dessinée originale de René Goscinny. Bref, une question subsiste : comment vouer sa plume à une référence culturelle emblématique dans une nouvelle réalité et plus particulièrement sur une plateforme de streaming destinée au grand public sans trahir l'humour d'une saga vieille de plus de soixante ans ? Une chose est sûre, si Chabat trouve la recette de cette potion magique, c'est un festin, non pas de sangliers, mais de bons namings qui nous attend. Trouvez de quoi vous mettre l'eau à la bouche ici.
Chantier Plaza
Depuis la condamnation de Stéphane Plaza en février, l'agence immobilière éponyme et ses franchises sont confrontées à un dilemme. Dans un secteur où tout est question d'emplacement, le nom au dessus de la porte pose problème : autrefois gage de confiance, l'assumer fait dorénavant tâche selon certains. Alors, comment séparer l'enseigne du personnage public qui l’incarne ? Le groupe M6, actionnaire majoritaire du réseau immobilier, propose à ses franchises d'adopter un nouveau nom : Sixième Avenue. L'intérêt du renaming ? Peut-être rompre avec l'image de l'agent immobilier et présentateur, en prônant une franchise indépendante, mais assurément adresser une offre adaptée à chaque localité. Bref, Sixième Avenue, qui emprunte son nom à la rebaptisée « Avenue of the Americas » à New York, se veut une agence élégante et entend donner le choix de la neutralité à ses franchisés en temps de chantier. Comme l’avouait l’un d’entre eux : « Changer de nom, ce n’est pas si simple ». A qui le dites-vous !
Plus de vert, moins cher !
Avec une typographie cursive nous renvoyant directement sur les bancs de l'école et un nom tout droit tiré du vocabulaire des cours de récréation, Fayo, référence polysémique - un tantinet empreinte de nostalgie - à une personne qui fait du zèle auprès de ses supérieurs et à un haricot sec, fait honneur à son nom et aspire au rôle de premier de sa classe. Start-up de restauration collective fondée pour une alimentation végétale accessible, elle propose des produits alimentaires adaptés aux enjeux et aux contraintes de la restauration collective, dont les cantines. Comme son nom l'indique, elle doit son succès à des recettes imaginées à partir de légumineuses, notamment à son "lingot", dont le nom institue très clairement la valeur symbolique et énergétique. Sa promesse ? Le beurre et l'argent du beurre, c'est-à- dire une alimentation sans compromis et sans frais, ni pour la planète, ni pour la santé, le tout à cout réduit. Concilier petits prix et qualité, utopie ou défi réalisable ? On vous laisse en juger ici.
D comme devinettes
Depuis le 29 avril, des crèmes desserts font campagnes dans les stations de métro parisiennes et en gare Saint-Lazare, avec BETC. L'humour et le mystère sont au coeur du concept : pas de nom de marque clairement indiqué, voire aucun élément textuel à part un slogan à peine entamé - "On se lève tous pour". Le pari est audacieux. Gros plans sur une cuillère, crèmes aux couleurs de caramel, chocolat, vanille et pistache, et un "D" qui se dessine en arrière plan, c'est sans équivoque, les marqueurs pointent tous dans une direction : celle de Danette ! Ce qui est certain c'est qu'une telle campagne met en avant l'iconicité du produit - elles sont rares, les marques, qui peuvent se vanter de faire l’économie de leur nom ou presque dans leurs communications - et titille la curiosité. Mais, tout miser sur la familiarité, sinon sur une chasse aux indices, est-ce une stratégie gagnante dans un contexte où l’attention et les papilles sont saturées ?
Le combat des titans : Slate vs. Tesla
La start-up américaine Slate Auto, soutenue par Jeff Bezos, a enfin présenté son mystérieux pick-up électrique. Slate n’essaie pas de rivaliser avec Tesla et son goût pour le prestige technologique, mais joue la carte de l’accessibilité, voire d’un certain utilitarisme assumé. En anglais, slate signifie littéralement « ardoise », mais fait surtout référence à l’expression clean slate, qui évoque l’idée d’un nouveau départ. Un nom qui porte un double sens, à la fois concret par son produit brut et symbolique par sa promesse d’un modèle industriel repensé. Slate Auto adopte une approche héritée davantage de la culture des start-up tech. Toutefois, le nom Slate est déjà solidement implanté et référencé à l’échelle internationale, notamment en tant que magazine en ligne lancé aux États-Unis en 1996. En vertu du principe de spécificité juridique, il est possible pour deux marques de partager le même nom, à condition qu'elles opèrent dans des secteurs d'activité distincts. Une grande ambition, donc, pour cette jeune pousse de l’automobile, qui cherche à se démarquer d’un acteur majeur du paysage médiatique. Pour tirer ses prix vers le bas, l’entreprise pousse à l’extrême le concept de « voiture essentielle ». Un seul modèle livré nu, que l’utilisateur personnalise via des kits, à la manière d’un meuble IKEA ou d’une Citroën Ami. Ce pick-up minimaliste pourrait séduire une clientèle en quête de sens autant que de prix, proposé à partir de 20 000 dollars.
“ Creating character names 😅 drives you crazy » saysit Chabatix
After making his mark on a generation with Mission Cléopâtre, Alain Chabat returns to the Gallic village, this time via Netflix. Between the raising of menhirs and battles against Caesar and the “big-nosed Romans”, the filmmaker, who lends his voice to Asterix, faces a major new challenge: finding surprising character names to bring a smile from viewers, but also retaining the spirit of René Goscinny's original comic strip. In short, the question remains: how to dedicate one's pen to an emblematic cultural reference in a new reality, and more specifically on a streaming platform aimed at the general public without betraying the humor of a saga more than sixty years old? One thing's for sure, if Chabat finds the recipe for this magic potion, we're in for a feast, not of wild boar, but of good namings. You'll find everything you need to make your mouth water here.
Plaza construction site
Since Stéphane Plaza's conviction in February, the eponymous real estate agency and its franchises have been faced with a dilemma. In a sector where location is everything, the name above the door poses a problem: once a sign of confidence, some now see it as a burden. So how do you separate the sign from the public figure that embodies it? Groupe M6, the real estate network's majority shareholder, is proposing that its franchises adopt a new name: Sixième Avenue. The benefits of renaming? Perhaps break with the image of the real estate agent and presenter, by advocating an independent franchise, but certainly address an offer adapted to each locality. In short, Sixth Avenue, which borrows its name from the renamed « Avenue of the Americas » in New York, aims to be an elegant agency and to give its franchisees the choice of neutrality in times of construction. As one of them confessed: « Changing your name isn't that easy ». Tell me about it !
More green, less expensive !
With a cursive typography that takes us straight back to the school benches and a name taken straight from playground vocabulary, Fayo, polysemous reference - with a hint of nostalgia - to a person who is zealous with his superiors and a dry bean, honors his name and aspires to the role of first in his class. A foodservice start-up founded to make plant-based food accessible, the company offers food products adapted to the challenges and constraints of foodservice, including canteens. As its name suggests, it owes its success to recipes based on legumes, particularly its « lingot » (ingot), whose name clearly establishes its symbolic and energetic value. His promise? Having your cake and eating it too, in other words, uncompromising food at no cost to either the planet or our health, and all at reduced cost. Reconciling low prices and quality: utopia or achievable challenge? We'll let you be the judge here.
D for "devinettes"
Since April 29, dessert creams have been campaigning in Paris metro stations and the Saint-Lazare train station, with BETC. Humor and mystery are at the heart of the concept : no clear brand name, or even any textual elements apart from a barely begun slogan - « On se lève tous pour » (« We all stand up for »). It's a bold gamble. Close-ups of a spoon, creams in the colors of caramel, chocolate, vanilla and pistachio, and a “D” looming in the background, it's unequivocal : the markers all point in one direction: that of Danette ! What's certain is that such a campaign highlights the iconicity of the product - there are few brands that can boast of doing without their name, or almost without it, in their communications - and arouses curiosity. But is betting everything on familiarity, if not on a hunt for clues, a winning strategy in a context where attention and taste buds are saturated?
Battle of the titans: Slate vs. Tesla
American start-up Slate Auto, backed by Jeff Bezos, has finally unveiled its mysterious electric pickup. Slate isn't trying to compete with Tesla and its taste for technological prestige, but is playing the accessibility card, even a certain assertive utilitarianism. Slate refers to the expression clean slate, which evokes the idea of a fresh start. A name with a double meaning, both concrete in its raw product and symbolic in its promise of a rethought industrial model. Slate Auto adopts an approach inherited more from the culture of tech start-ups. However, the Slate name is already firmly established and referenced internationally, notably as an online magazine launched in the United States in 1996. By virtue of the principle of legal specificity, it is possible for two brands to share the same name, provided they operate in distinct business sectors. A great ambition, then, for this automotive start-up, which is seeking to set itself apart from a major player in the media landscape. To keep its prices down, the company is pushing the « essential car » concept to the extreme. A single model delivered bare, which the user customizes via kits, like an IKEA piece of furniture or a Citroën Ami. This minimalist pickup could appeal to customers looking for meaning as much as price, starting at $20,000.



